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Conservation :Tube Awu actif au sein d’une Aire Marine et Côtière à Ebodje

L’association Tube Awu,  qui signifie en langue locale Iyassa «  notre océan », s’est imposée dans la conservation de la biodiversité au sein du Parc National Marin Manyange na ElomboCampo, une Aire protégée côtière située dans l’Océan Atlantique et dépendant du département de l’Océan, dans la région du Sud, au Cameroun.

Suite à sa création par le décret 2021/4804 du 09 juillet 2021, « Manyange na Elombo-Campo » est  la première Aire Marine protégée du Cameroun, elle s’étend sur 42 364 km² ; soit 110 300 hectares.  Faisant de cet espace une Aire Marine d’importance internationale et essentielle à l’ensemble du golfe de Guinée. Au moment de l’inauguration de cette Aire Marine protégée, le Premier Ministre, Joseph Dion Ngute a affirmé au sujet de l’objectif derrière la reconnaissance de cette zone : «  limiter l’incursion des pêcheurs industriels qui appauvrissent la mer en poissons ; de protéger les zones de frayères et de préserver certaines espèces halieutiques à l’exemple de la tortue marine, du lamantin d’Afrique et du dauphin à bosse ».

L’association Tube Awu n’a pas attendu cette mesure gouvernementale pour initier des activités en vue de la préservation de cette Aire protégée toute particulière. Cela se justifie en ce sens ce que l’on connait davantage des Aires protégées terrestres, et beaucoup moins celles relevant du domaine marin. Les actions pour parvenir à cet accomplissement remontent à plus de 10 ans, parmi les pionniers de l’initiative : Jacques Fretey, une figure emblématique de la conservation des tortues marines. Herpétologue passionné, il a consacré plus de 40 ans à la protection des tortues, notamment en Guyane, en Afrique de l’Ouest, dans les îles tropicales, et particulièrement au Cameroun.

Il a ressorti l’historique qui a précédé la création du Parc Marin : « le Cameroun possédait 30 aires protégées forestières (20 parcs nationaux, 6 réserves de faune, 4 sanctuaires de faune) pour une superficie totale de 3 825 km², 3 réserves de Biosphère, et 7 sites Ramsar pour 8 270 km². Mais le Cameroun n’avait aucune Aire Marine protégée, même si le Parc national de Douala-Edea (ancienne réserve de Faune) s’ouvre sur l’océan. Lors du Ve Congrès mondial des Parcs de l’UICN à Durban, en septembre 2003, le président de la République du Cameroun, Son Excellence Paul Biya, avait annoncé souhaiter des Aires Marines protégées pour son pays. Nous sommes fin 2021. Mais avant cette annonce, nous avions déjà élaboré en 2002 un dossier pour la création d’un parc marin au sud de la petite ville de Kribi (département de l’Océan) jusqu’à la frontière avec la Guinée Équatoriale. Il aura donc fallu près de 20 ans de combats contre l’inertie administrative et des lobbies divers pour que notre dossier aboutisse enfin aujourd’hui à la signature du décret de classement du Parc national marin de Manyange na Elombo Campo ».

Le rocher en forme de tortue, emblème d’Ebodje.

Aux côtés de Jacques Fretey, une communauté de riverains, du village Ebodjè, dont la culture ancestrale est rattachée à l’histoire de la tortue, d’ailleurs un rocher en forme de tortue y est  clairement visible sur le littoral. En effet, au sein du village il existe des clans dont certains appartiennent au clan de la tortue, et particulièrement la tortue Luth. Le président de l’association Tube Awu, Denis Gnamaloba (voire image de titre, 2e de la gauche vers la droite) nous rapporte la motivation qui a animé un groupe d’individus à s’unir pour la sauvegarde de la biodiversité marine : « l’État a créé un parc marin depuis le 9 juillet 2021, mais Tube Awu travaille sur cet espace  depuis 2015, nous attendons la mise en place du plan d’aménagement pour que les communautés locales accompagnent de manière participative,  le processus de conservation des espèces marines ».

Malgré la ferme volonté des premiers bénévoles de Tubé Awu, le suivi des Cétacés dans la région concernée restait encore fragmentaire. Les premières observations au large ont cependant montré la présence saisonnière ou permanente de la Baleine à bosse (Megaptera novaeangliae) (10% de la population mondiale cette espèce s’accouple et met bas entre Cameroun et Gabon). Le dauphin à bosse de l’Atlantique, anciennement Sotalie du Cameroun (Sousa teuszii), espèce vulnérable qui avait disparu du golfe de Guinée depuis 1892, a été observée à plusieurs reprises dans le périmètre du parc marin, et cette présence motiverait à elle seule la création de l’aire marine protégée camerounaise.

Jacques Fretey, l’expert international en conservation des tortues marines rapporte : « certes la décision politique de création d’un port en eau profonde à Kribi dans la partie nord du futur parc a amputé celui-ci d’un bon tiers de sa superficie prévue initialement. On peut penser difficile de concilier ce port commercial, l’un des plus grands d’Afrique, avec une aire marine protégée et la présence de Cétacés, mais avec l’adoption de certaines règles de circulation des bateaux et d’une vraie politique environnementale, ça devait être possible ».

Ange ATALA

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